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La salle du trône n’était plus qu’un champ de combat. Au début, le groupe avait encaissé les premières attaques ensemble mais rapidement, Ankan s’était séparé pour combattre Larine seul. A ce moment-là, les traqueurs en avaient profités pour séparer le groupe, de la même manière que le combat dans la clairière lorsqu’ils les avaient capturés. Ils s’affrontaient maintenant en deux contre un, hormis Ankan et Ailane qui avait été isolé par le grand traqueur. Sylf et Tove avaient tentés de l’aider mais devaient maintenant affrontés un traqueur. Breyne et Elyr affrontaient leur adversaire sur la large table de bois au milieu de la pièce et Ralok et Myra tentaient de bloquer le leur dans un coin de la salle. Le combat s’avéra plus difficile encore que le premier affrontement. Les traqueurs faisaient preuve de plus de puissance, plus de rapidité. Tove avait abandonné la lance pour ses épées, Sylf s’était retirée pour abattre sur tous leurs ennemis une pluie de flèches. Ralok tentait de boucher la vue du traqueur face à lui pour permettre à Myra de l’attaquer sur les flancs. Breyne et Elyr exécutaient presque une danse à deux en affrontant leur adversaire en équilibre sur la table. Si ceux qui combattaient ensemble arriver à tenir le choc, Ailane, seule face au grand traqueur, fut vite en difficulté. La jeune femme faisait à peine le poids contre son adversaire, dont émanaient de sombres effluves. Le miasme infecta peu à peu Ailane qui commençait à en ressentir les effets. Dans ses mains, son bâton se mettait à trembler par intermittences et la jeune femme avait aperçu, après quelques coups avec le traqueur, que le bois présentait plusieurs petites fissures. Son arme n’allait pas tenir longtemps, et elle non plus, elle le savait. Mais Ailane continuait le combat : il était enfin là, face à elle, et elle ne le laisserait pas s’en aller, malgré la peur qui étreignait sa poitrine. Le traqueur face à la jeune femme se réjouissait de la situation actuelle : sa proie était enfin face à lui. Après des mois de recherche, elle était face à lui et il allait pouvoir finir ce qu’il avait commencé, avant que cette humaine ne s’en mêle. Mais pour cela, il fallait cesser tout de suite ce combat ridicule. Le traqueur enchaina une violente série de coups, se rapprochant de plus en plus de la jeune femme qui peinait à bloquer les coups et à rester à distance du traqueur. Celui-ci finit par attraper le poignet d’Ailane et un tourbillon de miasmes les entoura tous les deux. Sylf, qui remarqua la situation du coin de l’œil, bondit pour les rejoindre mais les miasmes disparurent devant elle, ne laissant que la pierre froide du sol couverte d’une épaisse couche noire.
Quand Ailane rouvrit les yeux, elle se trouvait dans un espace vide, sans sol, sans mur et sans plafond. Avec perplexité, la jeune femme se retourna pour voir un épais bosquet dans son dos, de laquelle émanait une douce lumière provenant du centre des arbres. Elle cligna plusieurs des fois des yeux avant de se convaincre de ce qu’elle voyait, de cette vision qu’elle connaissait très bien. Ailane se trouvait actuellement dans son esprit, au plus profond de celui-ci. Mais elle resta interrogative : d’ordinaire, elle ne se retrouvait dans son esprit que pendant son sommeil ou lorsqu’elle était inconsciente. Hors ici, elle le savait, elle était éveillée et elle n’avait pas à être là. La source lumineuse dans les arbres se mit à pulser, lentement, puis de plus en plus rapidement. Ailane se retourna face au vide des environs pour voir une immense masse de miasme s’avancer, tels des nuages. Le traqueur apparut au milieu de ce tourbillon alors que le miasme se stabilisait derrière lui. La jeune femme frissonna lorsqu’elle vit dans ces effluves noirs des silhouettes de créatures magiques se tordant comme si elles subissaient milles douleurs. Le traqueur bondit vers Ailane qui esquiva son attaque avant de réaliser son erreur : la créature continuait de bondir vers le bosquet, vers la lumière qui continuait de pulser. La jeune femme poussa un long cri, les arbres frémirent. Et soudainement, le bosquet se ferma sur lui-même, le bois se tordant pour former une épaisse forteresse végétale. Le traqueur frappa de sa longue lame les végétaux qui tressaillirent mais ne s’ouvrirent pas. Ailane arriva dans le dos de son ennemi, le forçant à s’éloigner du bosquet. Les deux adversaires reprirent leur combat violent, dans un duel de défense et d’attaque. Après de longues minutes de combat, lors d’une séparation des deux combattants, Ailane, se retourna, un bref instant vers le bosquet avant de plonger son regard dans la masse d’effluves derrière le traqueur. Elle l’aperçut, un bref instant, un éclat dans la masse sombre. Il était donc là, depuis tout ce temps. Mais comment l’atteindre, au cœur du domaine du traqueur ? Celui-ci commença à comprendre ce que l’humaine avait en tête, mais pas question qu’elle réussisse avant lui. D’un nouveau bond, il projeta violement Ailane en arrière avant de foncer sur le bosquet, déchiquetant le bois de son épée. La jeune femme, reprenant ses esprits, voulut l’en empêcher mais s’arrêta. La lumière, à travers les arbres, pulsait lentement, comme rassurante. Ailane acquiesça de la tête avant de se retourner vers le miasme du traqueur et de s’y précipiter. Mais à peine elle y mit un pas que sa vision se brouilla, ses jambes tremblèrent, sa respiration devint difficile. La puissance du miasme la mit à genoux, suffocante, ses cheveux et ses habits virevoltants au grès des effluves qui avaient la force d’une tempête, sa peau noircissant rapidement. Elle n’allait pas y arriver, elle le savait. A peine consciente, Ailane eut toutefois une idée. Tant bien que mal, elle leva son bâton, qui se mit, par pulsations, à luire, de plus en plus fort. Le bois sombre devint blanc, les fissures qu’il présentait s’étendaient. Puis dans un cri de rage, la jeune femme planta son bâton dans le sol, libérant une impulsion lumineuse qui emplit tout l’espace.
Dans la salle du trône, la bataille continuait de faire rage. Un moment choqué par la disparition d’Ailane et du traqueur, le groupe avait vite repris le combat contre leurs adversaires qui ne leur laissaient pas de répit. Mais cette fois-ci, les combattants prenaient lentement mais surement le dessus. Sylf et Tove s’étaient révélés des adversaires redoutables, terrassant les premiers le traqueur face à eux. Les flèches mortelles de la centauresse volaient à travers la pièce, obligeant les traqueurs à faire davantage attention à leurs mouvements. Réduisant leurs manœuvres. Donnant un avantage au final au groupe d’Ankan. Le lourk était toujours aux prises en solitaire contre Larine et il avait le plus grand mal à garder son calme. Son ennemi lui lançait des piques qui faisaient monter sa colère :
-C’est tout ce que tu as dans le ventre, Ankan ? lui disait Larine lors d’un de leur échange de coups de griffes. Ça ne m’étonne pas que tu te sois enfui. Tu as même laissé ton frère mourir en l’abandonnant derrière toi.
-Meurtrier ! C’est toi qui as tué Aslon, tu nous as trahis. Tout ce sang versé, ces morts, c’est uniquement de ta faute !
-Vous étiez faibles, toi et ton frère. Ayezo méritait mieux.
-Toi ? Larine, tu es arrogant, tout ce qui t’intéresse c’est le pouvoir. Ayezo se détruirait avec toi sur le trône.
-Je suis pourtant resté sur le trône pendant ces longs mois pendant que tu parcourais les bois avec ton humaine.
De colère, Ankan décocha d’un geste vif un coup de griffes qui entailla la joue de Larine. Le lourk poussa un rugissement avant de plaquer son adversaire au sol, les envoyant roulés au sol. Les deux hommes s’échangeaient de violents coups, cherchant à prendre le dessus sur l’autre. Le reste du groupe, qui avait finalement mit à terre les traqueurs, regardait les deux lourks, hésitant à intervenir. Dans un instant de répit, Ankan décocha un regard à ses amis qui ne laissait pas de doute : il voulait régler ce combat seul. Ils se tinrent donc à l’écart, observant attentivement cette bataille importante, prêts à intervenir si besoin. Sylf et Tove se détournèrent du combat, rassemblèrent les traqueurs et les immobilisèrent. Tout en surveillant les créatures de l’ombre, ils observèrent là où Ailane avait disparu avec son adversaire, espérant un signe qui leur indiquerait ce qui se passait.
Le combat d’Ankan et de Larine dura longtemps, aucun des deux lourks ne voulaient abdiquer. Malgré leurs blessures, malgré leurs fatigues, malgré le sang qui coulait sur leur peau, ils continuaient à se battre. Mais les membres tremblaient, les yeux étaient mi-clos. Dans un instant de répit, Larine sortit un petit cor de sa tunique et émit un long appel grave. Après une courte attente où le groupe se figea, des bruits de pas se firent entendre dans le château. Des pas aux sons métalliques, des pas de soldats. Avec un grincement de dents, le groupe s’apprêta à faire face aux guerriers qui arrivaient mais soudain, une vive lumière apparut dans la salle, au-dessus d’eux, tellement vive qu’elle les aveugla. Quand l’éclat disparut, le groupe vit un être plus grand encore que Ralok apparaître dans la salle. Son corps humanoïde était composé de bois et de végétaux entrelacés, sa tête était surplombée d’un épais feuillage, ses pieds et ses mains étaient faites d’épaisses racines. Des lianes bougeaient gracieusement dans son dos et ici et là des fleurs multicolores décoraient son corps. Dans l’esprit de ceux dans la salle, il ne faisait aucun doute qu’ils avaient devant leurs yeux un esprit de la nature, un esprit des végétaux. Ses yeux d’or et d’émeraude dardaient la salle alors que son bras gauche maintenait fermement Ailane, inerte, tandis que sa main droite enserrait le grand traqueur par la gorge. Son corps avait quelques spasmes mais quand l’être végétal le laissa s’écraser sur le sol à côté d’Elyr, le traqueur lâcha un dernier râle avant qu’il ne devienne un tas de cendres. La créature atterrit devant Tove et Sylf et déposa doucement Ailane dans leurs bras. Il ne fallut que quelques instants aux centaures pour voir que la jeune femme était très faible, que ses forces s’étaient volatilisées. Les deux druides échangèrent un long regard avec l’esprit qui retira une des fleurs ornant le feuillage de sa tête, une airelle, qu’il déposa sur la poitrine d’Ailane. La fleur brilla un instant avant de s’enfoncer dans le corps de la jeune femme qui grimaça. L’esprit de la nature recula et se dirigea vers l’entrée de la salle, là où arrivaient les premiers soldats. Devant la créature mythique, les guerriers s’arrêtèrent instantanément et son aura menaçante les fit tous reculer sans hésitation. Aucun soldat n’osa s’approcher de la salle, malgré l’insistance de leur seigneur qui continuait de souffler dans son cor. Voyant la situation lui échapper totalement, Larine, dans un accès de rage, fonça droit sur l’esprit végétal qui lui tournait le dos. Mais ce fut une erreur lorsque les lianes de l’être magique enserrèrent d’un coup le lourk et le compressèrent peu à peu. Larine ne tarda pas à tomber inconscient et l’esprit le relâcha aussi vite qu’il l’avait attrapé, sans ménagement. Un peu abasourdi par ce qu’il venait de se passer, le groupe resta un long moment immobile avant d’oser faire un pas dans la salle. Aider de Breyne, Ankan marcha difficilement jusqu’à Larine pour vérifier son état. Le lourk était inconscient mais bien vivant, contrairement aux autres traqueurs toujours présents dans la salle qui tombèrent rapidement entre les lianes de l’esprit de la nature qui les acheva sans hésitation. Décontenancé par cette issue inattendue, le groupe se réunit pour s’assurer que chacun aille bien, sous le regard brillant de l’esprit de la nature qui lévitait derrière eux. Ankan semblait le plus mal en point bien que tous portaient des blessures à la suite de leurs difficiles combats. Au soulagement de Tove et Sylf, Ailane reprit lentement conscience, quoi qu’elle semblait assez faible. Lorsque les yeux de la jeune femme se tournèrent vers l’esprit, un léger sourire apparut sur son visage alors qu’elle émettait un soupir de soulagement. La créature mystique attrapa un morceau cassé de bois blanc dans ses feuilles et le déposa dans la main d’Ailane qui parut désolée. Elle remercia toutefois l’esprit d’un mouvement de tête avant que celui-ci ne s’entoure d’un tourbillon de feuilles et disparaisse, ne laissant au sol qu’un bouquet de fleurs et de feuilles. Après le départ de l’esprit de la nature, les soldats qui avaient reculés en sa présence s’aventurèrent de nouveau dans la salle mais ce fut alors Ankan et ses amis qui leur furent face. Devant le regard dardant du lourk, une grande partie des soldats s’arrêtèrent, hésitants, avant de se mettre à genoux, la tête basse. Une autre partie, quant à elle, recula avant de s’enfuir, désordonnée. Ankan arrêta Elyr d’un geste du bras, alors que l’elfe s’apprêtait à les prendre à chasse :
-Inutile. Il y a plus important pour le moment.
Le lourk s’accroupit auprès de Larine et retira le diadème argenté de son front pour le faire tourner entre ses doigts, enlevant les traces de sang sur le métal. Un soldat, qui semblait avoir un plus haut grade que les autres, se détacha des siens pour s’approcher du groupe :
-Seigneur Ankan.
-Jhekmaz.
-Pardonnez-moi, mon Seigneur, supplia le lourk en s’agenouillant. Tout ce qui est arrivé est de ma faute. La mort du Seigneur Aslon, votre fuite. Tout est de ma faute.
-Relève-toi, Jhekmaz. Je ne vous ai jamais blâmé pour ce qui s’est passé, toi et tes hommes.
-Larine a menacé nos familles, de même envoyer les traqueurs si nous ne lui cédions pas.
-Je le sais, je le sais, Jhekmaz. Ils m’ont raconté ce que tu leur avais dit avant leur départ, répondit Ankan en désignant Breyne, Elyr et Myra. Ce qui est arrivé n’est en rien de votre faute à vous. Le responsable, il est là.
Les yeux se dirigèrent vers Larine, toujours inconscient au sol.
-Je compte sur toi, Jhekmaz pour t’occuper de lui avec tes hommes. Qu’il pourrisse en prison le temps que je m’occupe de lui.
Jhekmaz bomba le torse avant de saluer fièrement Ankan :
-Oui Seigneur !
Le lourk fit signe à deux de ses hommes pour emmener Larine hors de la salle. Avant de la quitter, tous les soldats se mirent au garde-à-vous et saluèrent Ankan avant de sortir fièrement, comme libres d’un poids sur leurs épaules. Breyne se tourna vers Ankan :
-Ils t’ont appelés Seigneur.
-Je sais.
-Tu comprends ce que cela veut dire.
Ankan lâcha un long soupir en serrant le diadème dans ses doigts.
-Ton retour et ta victoire indiquent pour eux que tu vas reprendre le trône qu’à laisser ton frère. A leurs yeux, c’est évident.
-Je n’ai guère le choix.
-Tu as le choix, mais peux-tu vraiment laisser Ayezo. Là est la question. Après tout ce qui s’est passé, la ville a besoin de toi.
Ankan regardait le diadème qui tournait dans ses mains : il savait qu’il ne pouvait, maintenant, que prendre la place de son frère et diriger la ville. Mais le lourk hésitait : après tout si son jumeau avait été le seigneur de la ville, c’est parce que lui avait refusé le poste. Il s’était contenté d’être son bras droit et son garde, avec ses amis. Mais maintenant…
-Laisse-moi quelques temps de réflexion, Breyne.
-Entendu mais Ayezo va rapidement avoir besoin d’une réponse.
-Je sais, mais pour l’instant, j’aimerai souffler. Je crois qu’on a tous besoin de souffler un moment. Après de si longs mois loin d’ici, je voudrai avoir un moment de calme.
Breyne inclina la tête puis le groupe commença lentement à sortir de la salle. Ankan s’arrêta devant Sylf, Tove et Ailane. Le lourk et l’humaine s’échangèrent un long regard, sans prononcer un mot avant qu’Ankan ne prenne la main d’Ailane.
-Merci d’être venue jusqu’ici avec moi. Merci à vous aussi, maitres centaures.
-Ce fut un honneur, seigneur lourk.
-Ce fut un honneur pour moi. Venez, nous allons nous occuper des blessures.
Sylf et Tove acquiescèrent et maintenant toujours Ailane dans leurs bras, les deux centaures suivirent Ankan afin de récupérer après cette difficile bataille.
Quand Ailane rouvrit les yeux, elle se trouvait dans un espace vide, sans sol, sans mur et sans plafond. Avec perplexité, la jeune femme se retourna pour voir un épais bosquet dans son dos, de laquelle émanait une douce lumière provenant du centre des arbres. Elle cligna plusieurs des fois des yeux avant de se convaincre de ce qu’elle voyait, de cette vision qu’elle connaissait très bien. Ailane se trouvait actuellement dans son esprit, au plus profond de celui-ci. Mais elle resta interrogative : d’ordinaire, elle ne se retrouvait dans son esprit que pendant son sommeil ou lorsqu’elle était inconsciente. Hors ici, elle le savait, elle était éveillée et elle n’avait pas à être là. La source lumineuse dans les arbres se mit à pulser, lentement, puis de plus en plus rapidement. Ailane se retourna face au vide des environs pour voir une immense masse de miasme s’avancer, tels des nuages. Le traqueur apparut au milieu de ce tourbillon alors que le miasme se stabilisait derrière lui. La jeune femme frissonna lorsqu’elle vit dans ces effluves noirs des silhouettes de créatures magiques se tordant comme si elles subissaient milles douleurs. Le traqueur bondit vers Ailane qui esquiva son attaque avant de réaliser son erreur : la créature continuait de bondir vers le bosquet, vers la lumière qui continuait de pulser. La jeune femme poussa un long cri, les arbres frémirent. Et soudainement, le bosquet se ferma sur lui-même, le bois se tordant pour former une épaisse forteresse végétale. Le traqueur frappa de sa longue lame les végétaux qui tressaillirent mais ne s’ouvrirent pas. Ailane arriva dans le dos de son ennemi, le forçant à s’éloigner du bosquet. Les deux adversaires reprirent leur combat violent, dans un duel de défense et d’attaque. Après de longues minutes de combat, lors d’une séparation des deux combattants, Ailane, se retourna, un bref instant vers le bosquet avant de plonger son regard dans la masse d’effluves derrière le traqueur. Elle l’aperçut, un bref instant, un éclat dans la masse sombre. Il était donc là, depuis tout ce temps. Mais comment l’atteindre, au cœur du domaine du traqueur ? Celui-ci commença à comprendre ce que l’humaine avait en tête, mais pas question qu’elle réussisse avant lui. D’un nouveau bond, il projeta violement Ailane en arrière avant de foncer sur le bosquet, déchiquetant le bois de son épée. La jeune femme, reprenant ses esprits, voulut l’en empêcher mais s’arrêta. La lumière, à travers les arbres, pulsait lentement, comme rassurante. Ailane acquiesça de la tête avant de se retourner vers le miasme du traqueur et de s’y précipiter. Mais à peine elle y mit un pas que sa vision se brouilla, ses jambes tremblèrent, sa respiration devint difficile. La puissance du miasme la mit à genoux, suffocante, ses cheveux et ses habits virevoltants au grès des effluves qui avaient la force d’une tempête, sa peau noircissant rapidement. Elle n’allait pas y arriver, elle le savait. A peine consciente, Ailane eut toutefois une idée. Tant bien que mal, elle leva son bâton, qui se mit, par pulsations, à luire, de plus en plus fort. Le bois sombre devint blanc, les fissures qu’il présentait s’étendaient. Puis dans un cri de rage, la jeune femme planta son bâton dans le sol, libérant une impulsion lumineuse qui emplit tout l’espace.
Dans la salle du trône, la bataille continuait de faire rage. Un moment choqué par la disparition d’Ailane et du traqueur, le groupe avait vite repris le combat contre leurs adversaires qui ne leur laissaient pas de répit. Mais cette fois-ci, les combattants prenaient lentement mais surement le dessus. Sylf et Tove s’étaient révélés des adversaires redoutables, terrassant les premiers le traqueur face à eux. Les flèches mortelles de la centauresse volaient à travers la pièce, obligeant les traqueurs à faire davantage attention à leurs mouvements. Réduisant leurs manœuvres. Donnant un avantage au final au groupe d’Ankan. Le lourk était toujours aux prises en solitaire contre Larine et il avait le plus grand mal à garder son calme. Son ennemi lui lançait des piques qui faisaient monter sa colère :
-C’est tout ce que tu as dans le ventre, Ankan ? lui disait Larine lors d’un de leur échange de coups de griffes. Ça ne m’étonne pas que tu te sois enfui. Tu as même laissé ton frère mourir en l’abandonnant derrière toi.
-Meurtrier ! C’est toi qui as tué Aslon, tu nous as trahis. Tout ce sang versé, ces morts, c’est uniquement de ta faute !
-Vous étiez faibles, toi et ton frère. Ayezo méritait mieux.
-Toi ? Larine, tu es arrogant, tout ce qui t’intéresse c’est le pouvoir. Ayezo se détruirait avec toi sur le trône.
-Je suis pourtant resté sur le trône pendant ces longs mois pendant que tu parcourais les bois avec ton humaine.
De colère, Ankan décocha d’un geste vif un coup de griffes qui entailla la joue de Larine. Le lourk poussa un rugissement avant de plaquer son adversaire au sol, les envoyant roulés au sol. Les deux hommes s’échangeaient de violents coups, cherchant à prendre le dessus sur l’autre. Le reste du groupe, qui avait finalement mit à terre les traqueurs, regardait les deux lourks, hésitant à intervenir. Dans un instant de répit, Ankan décocha un regard à ses amis qui ne laissait pas de doute : il voulait régler ce combat seul. Ils se tinrent donc à l’écart, observant attentivement cette bataille importante, prêts à intervenir si besoin. Sylf et Tove se détournèrent du combat, rassemblèrent les traqueurs et les immobilisèrent. Tout en surveillant les créatures de l’ombre, ils observèrent là où Ailane avait disparu avec son adversaire, espérant un signe qui leur indiquerait ce qui se passait.
Le combat d’Ankan et de Larine dura longtemps, aucun des deux lourks ne voulaient abdiquer. Malgré leurs blessures, malgré leurs fatigues, malgré le sang qui coulait sur leur peau, ils continuaient à se battre. Mais les membres tremblaient, les yeux étaient mi-clos. Dans un instant de répit, Larine sortit un petit cor de sa tunique et émit un long appel grave. Après une courte attente où le groupe se figea, des bruits de pas se firent entendre dans le château. Des pas aux sons métalliques, des pas de soldats. Avec un grincement de dents, le groupe s’apprêta à faire face aux guerriers qui arrivaient mais soudain, une vive lumière apparut dans la salle, au-dessus d’eux, tellement vive qu’elle les aveugla. Quand l’éclat disparut, le groupe vit un être plus grand encore que Ralok apparaître dans la salle. Son corps humanoïde était composé de bois et de végétaux entrelacés, sa tête était surplombée d’un épais feuillage, ses pieds et ses mains étaient faites d’épaisses racines. Des lianes bougeaient gracieusement dans son dos et ici et là des fleurs multicolores décoraient son corps. Dans l’esprit de ceux dans la salle, il ne faisait aucun doute qu’ils avaient devant leurs yeux un esprit de la nature, un esprit des végétaux. Ses yeux d’or et d’émeraude dardaient la salle alors que son bras gauche maintenait fermement Ailane, inerte, tandis que sa main droite enserrait le grand traqueur par la gorge. Son corps avait quelques spasmes mais quand l’être végétal le laissa s’écraser sur le sol à côté d’Elyr, le traqueur lâcha un dernier râle avant qu’il ne devienne un tas de cendres. La créature atterrit devant Tove et Sylf et déposa doucement Ailane dans leurs bras. Il ne fallut que quelques instants aux centaures pour voir que la jeune femme était très faible, que ses forces s’étaient volatilisées. Les deux druides échangèrent un long regard avec l’esprit qui retira une des fleurs ornant le feuillage de sa tête, une airelle, qu’il déposa sur la poitrine d’Ailane. La fleur brilla un instant avant de s’enfoncer dans le corps de la jeune femme qui grimaça. L’esprit de la nature recula et se dirigea vers l’entrée de la salle, là où arrivaient les premiers soldats. Devant la créature mythique, les guerriers s’arrêtèrent instantanément et son aura menaçante les fit tous reculer sans hésitation. Aucun soldat n’osa s’approcher de la salle, malgré l’insistance de leur seigneur qui continuait de souffler dans son cor. Voyant la situation lui échapper totalement, Larine, dans un accès de rage, fonça droit sur l’esprit végétal qui lui tournait le dos. Mais ce fut une erreur lorsque les lianes de l’être magique enserrèrent d’un coup le lourk et le compressèrent peu à peu. Larine ne tarda pas à tomber inconscient et l’esprit le relâcha aussi vite qu’il l’avait attrapé, sans ménagement. Un peu abasourdi par ce qu’il venait de se passer, le groupe resta un long moment immobile avant d’oser faire un pas dans la salle. Aider de Breyne, Ankan marcha difficilement jusqu’à Larine pour vérifier son état. Le lourk était inconscient mais bien vivant, contrairement aux autres traqueurs toujours présents dans la salle qui tombèrent rapidement entre les lianes de l’esprit de la nature qui les acheva sans hésitation. Décontenancé par cette issue inattendue, le groupe se réunit pour s’assurer que chacun aille bien, sous le regard brillant de l’esprit de la nature qui lévitait derrière eux. Ankan semblait le plus mal en point bien que tous portaient des blessures à la suite de leurs difficiles combats. Au soulagement de Tove et Sylf, Ailane reprit lentement conscience, quoi qu’elle semblait assez faible. Lorsque les yeux de la jeune femme se tournèrent vers l’esprit, un léger sourire apparut sur son visage alors qu’elle émettait un soupir de soulagement. La créature mystique attrapa un morceau cassé de bois blanc dans ses feuilles et le déposa dans la main d’Ailane qui parut désolée. Elle remercia toutefois l’esprit d’un mouvement de tête avant que celui-ci ne s’entoure d’un tourbillon de feuilles et disparaisse, ne laissant au sol qu’un bouquet de fleurs et de feuilles. Après le départ de l’esprit de la nature, les soldats qui avaient reculés en sa présence s’aventurèrent de nouveau dans la salle mais ce fut alors Ankan et ses amis qui leur furent face. Devant le regard dardant du lourk, une grande partie des soldats s’arrêtèrent, hésitants, avant de se mettre à genoux, la tête basse. Une autre partie, quant à elle, recula avant de s’enfuir, désordonnée. Ankan arrêta Elyr d’un geste du bras, alors que l’elfe s’apprêtait à les prendre à chasse :
-Inutile. Il y a plus important pour le moment.
Le lourk s’accroupit auprès de Larine et retira le diadème argenté de son front pour le faire tourner entre ses doigts, enlevant les traces de sang sur le métal. Un soldat, qui semblait avoir un plus haut grade que les autres, se détacha des siens pour s’approcher du groupe :
-Seigneur Ankan.
-Jhekmaz.
-Pardonnez-moi, mon Seigneur, supplia le lourk en s’agenouillant. Tout ce qui est arrivé est de ma faute. La mort du Seigneur Aslon, votre fuite. Tout est de ma faute.
-Relève-toi, Jhekmaz. Je ne vous ai jamais blâmé pour ce qui s’est passé, toi et tes hommes.
-Larine a menacé nos familles, de même envoyer les traqueurs si nous ne lui cédions pas.
-Je le sais, je le sais, Jhekmaz. Ils m’ont raconté ce que tu leur avais dit avant leur départ, répondit Ankan en désignant Breyne, Elyr et Myra. Ce qui est arrivé n’est en rien de votre faute à vous. Le responsable, il est là.
Les yeux se dirigèrent vers Larine, toujours inconscient au sol.
-Je compte sur toi, Jhekmaz pour t’occuper de lui avec tes hommes. Qu’il pourrisse en prison le temps que je m’occupe de lui.
Jhekmaz bomba le torse avant de saluer fièrement Ankan :
-Oui Seigneur !
Le lourk fit signe à deux de ses hommes pour emmener Larine hors de la salle. Avant de la quitter, tous les soldats se mirent au garde-à-vous et saluèrent Ankan avant de sortir fièrement, comme libres d’un poids sur leurs épaules. Breyne se tourna vers Ankan :
-Ils t’ont appelés Seigneur.
-Je sais.
-Tu comprends ce que cela veut dire.
Ankan lâcha un long soupir en serrant le diadème dans ses doigts.
-Ton retour et ta victoire indiquent pour eux que tu vas reprendre le trône qu’à laisser ton frère. A leurs yeux, c’est évident.
-Je n’ai guère le choix.
-Tu as le choix, mais peux-tu vraiment laisser Ayezo. Là est la question. Après tout ce qui s’est passé, la ville a besoin de toi.
Ankan regardait le diadème qui tournait dans ses mains : il savait qu’il ne pouvait, maintenant, que prendre la place de son frère et diriger la ville. Mais le lourk hésitait : après tout si son jumeau avait été le seigneur de la ville, c’est parce que lui avait refusé le poste. Il s’était contenté d’être son bras droit et son garde, avec ses amis. Mais maintenant…
-Laisse-moi quelques temps de réflexion, Breyne.
-Entendu mais Ayezo va rapidement avoir besoin d’une réponse.
-Je sais, mais pour l’instant, j’aimerai souffler. Je crois qu’on a tous besoin de souffler un moment. Après de si longs mois loin d’ici, je voudrai avoir un moment de calme.
Breyne inclina la tête puis le groupe commença lentement à sortir de la salle. Ankan s’arrêta devant Sylf, Tove et Ailane. Le lourk et l’humaine s’échangèrent un long regard, sans prononcer un mot avant qu’Ankan ne prenne la main d’Ailane.
-Merci d’être venue jusqu’ici avec moi. Merci à vous aussi, maitres centaures.
-Ce fut un honneur, seigneur lourk.
-Ce fut un honneur pour moi. Venez, nous allons nous occuper des blessures.
Sylf et Tove acquiescèrent et maintenant toujours Ailane dans leurs bras, les deux centaures suivirent Ankan afin de récupérer après cette difficile bataille.
Suggested Collections
Je m'excuse pour le mois d'attente entre ce chapitre et le précédent, les mots avaient beaucoup de mal à sortir. J'espère qu'il vous plaira tout de même et je vous souhaite bonne lecture
© 2016 - 2024 ailane
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