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Chapitre 8 : Retour

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Le groupe resta quelques jours chez les centaures druidiques, le temps de se remettre. Soignée par Sylf, Ailane reprit rapidement toutes ses forces. Des discussions furent relancées pour le plan d’Ankan qui voulait affronter Larine pour annuler le contrat qu’il a créé avec les traqueurs. Selon le lourk et ses amis, il fallait pour cela se rendre dans la ville d’Ayezo, près de laquelle Ankan et Ailane s’étaient rencontrés, il y a de cela plusieurs mois.

-Mais justement, cela remonte à plusieurs mois. C’est un sacré voyage retour, commenta la jeune femme.
-Je sais, mais je me dis qu’on a voyagé si longtemps surtout parce qu’on est passé par la forêt en évitant les sentiers et les contacts avec les autres. Si on va davantage en ligne droite, nous pourrons le faire surement en deux mois, je dirai.
-Nous ne connaissons pas cette ville, où se trouve-t-elle ? demanda Sylf en apportant une carte du continent.

Ankan indiqua sur le parchemin un point situé au sud-ouest de leur position. Tove tortilla son bouc entre ses doigts quelques instants avant de pointer une zone à l’ouest d’Ayezo.

-Cette zone nous est familière en revanche. De là-bas, vous n’aurez qu’un mois de voyage.

Le groupe eut un regard interrogateur, ils ne comprenaient pas ce que voulait dire le centaure.

-D’ici, Tove et Sylf peuvent ouvrir un portail pour n’importe quelle destination, du moment qu’ils connaissent la zone, répondit avec un sourire Ailane.
-En effet, ceci vous permettra de vous épargner une partie du trajet. L’hiver est rapidement rude par ici, il vaut mieux que vous gardiez un maximum de vos forces.

Lorsque que Sylf mentionna l’hiver, Althéa et Carvi semblaient soucieuses. Ailane avait déjà remarqué le comportement étrange des fées depuis qu’elle s’était remise sur pied. La jeune femme s’éclipsa de la conversation pour les rejoindre :

-Quelque chose ne va pas ?
-On ne sait pas trop, répondit Althéa.
-L’année dernière, à cette époque, nous étions déjà en train d’hiberner dans notre arbre-gardien. On s’est dit que parce qu’on l’avait…perdu, on ne dormait plus pendant l’hiver.
-Lorsque nous étions à la rechercher d’Ailane, nous avons croisés plusieurs arbres-gardiens dont les fées n’étaient pas endormies, intervint Tove. Vous n’êtes pas seules à ne pas hiberner.
-C’est étrange.
-En effet. Plusieurs centaures druidiques sont en train d’examiner ce cas particulier. Mais pour l’instant, il faut attendre leurs découvertes. Il vaut mieux ne plus penser à ça pour le moment. Concentrons-nous sur votre situation actuelle.

Althéa et Carvi restèrent soucieuses par leur situation inhabituelle mais finirent par revenir vers le groupe qui continuait de discuter sur l’organisation du voyage. Le voyage vers Ayezo n’allait poser que peu de problèmes, le véritable défi se trouvait dans la ville elle-même. Ankan l’avait quittée depuis plusieurs mois, ses amis étaient partis à sa recherche peu de temps après. Aucun ne connaissait la situation dans la cité maintenant. Avec un peu de chances, il y aurait plus de soldats en dehors à les rechercher qu’à l’intérieur mais tout n’était qu’hypothèses. Ils allaient devoir improviser une fois arrivés à destination, ce qui ne plaisait guère. Il fut toutefois décidé de se lancer quand même dans le voyage, qui allait durer un mois. Sylf et Tove fournirent au groupe tout ce dont ils allaient avoir besoin. De nouveaux vêtements suffisamment chauds pour affronter le froid de l’hiver et de la nourriture pour tous et quelques armes. Elyr retrouva avec plaisir ses lames argentées comme neuve. Sylf pris à l’écart Ailane pour l’amener à son bâton. La centauresse semblait soucieuse en prenant l’arme dans ses mains :

-Il y a un problème Sylf ?
-Je ne l’ai pas détecté avant mais le bois de l’arbre-gardien réagit étrangement. Il semble qu’il ait été corrompu lui aussi par la magie des traqueurs.
-Comment est-ce possible ? La magie de l’arbre-gardien devrait être suffisante pour le protéger.
-Mais elle restait infime, Ailane. Tu es partie depuis maintenant un long moment et tu as du pas mal te confronter aux traqueurs et à leurs magies depuis ton départ. Ce n’est pas étonnant que le bois s’affaiblisse.
-Penses-tu qu’il tiendra jusqu’à Ayezo ?
-C’est probable, si nous n’avons pas d’ennuis en route. Mais je ne compterai pas dessus.

La jeune femme afficha un air soucieux : elle ne s’attendait pas que son voyage ait autant affaibli son bâton. Mais Sylf a raison, elle était partie depuis longtemps et aurait dû se douter que la distance entre elle et l’arbre-gardien avait affecté le bois. Ailane serra son arme entre ses mains alors que Myra lui lançait un regard interrogateur. La jeune femme lui renvoya un sourire pour ne pas l’interpeller et redirigea son regard vers Sylf :

-Je tacherai de faire attention.
-Nous serons de toute façon à tes côtés et nous surveillerons tes arrières ainsi que celles de tes amis.

Ailane inclina la tête et toutes deux revinrent vers le groupe, qui finissait de se répartir leurs nouvelles affaires. La journée se déroula rapidement et tous se couchèrent de bonne heure. Le départ était prévu pour l’aube et il fallait prendre un maximum de forces avant le grand voyage.

Ankan eut du mal à trouver le sommeil ce soir-là : l’idée de se retrouver face à face avec Larine faisait bouillir son sang. Milles et une choses tournaient dans son esprit. Quel était l’état de la ville, après sa longue absence ? Qu’en était-il de la population ? Qu’avait bien put faire Larine pendant tout ce temps, à part mettre un contrat sur sa tête ? Est qu’il pourrait compter sur quelques soutiens une fois face à lui, ou devrait-il l’affronter juste avec le groupe actuel ? Que se passera-t-il s’il gagnait, ou même s’il perdait ? Le lourk se tourna dans ses couvertures : trop de questions qui n’auraient de réponses qu’une fois sur place. Ankan se résigna à laisser ses questions de côté et finit tant bien que mal à s’endormir.

Le lendemain matin, aux aurores, le groupe fut paré au départ. Emmitouflés dans leurs vêtements d’hiver, leurs sacs remplis sur le dos, tous quittèrent le refuge, escortés par les deux centaures. Les deux druides étaient équipés de leurs plastrons de cuir et de tuniques rembourrés, leurs pattes portant des protections légères. Ils possédaient également sur leurs flancs, solidement sanglée, une lance massive. Tandis que Sylf arborait un arc long et un carquois plein dans son dos, Tove ajustait deux épées longues à sa ceinture. De l’équipement et des provisions étaient emballés dans des sacs, sur leurs dos. Le groupe avança quelques mètres avant d’être stoppé par Tove qui créa une nouvelle fois un portail devant eux. Sylf s’engagea en première, en sentinelle, et atterrit dans un environnement forestier teinté de blanc : la neige était finalement tombée dans la zone. La centauresse resta quelques minutes à observer attentivement les alentours avant de repasser par le portail et d’indiquer au groupe de la suivre. Les yeux de chacun ne purent s’empêcher, l’espace d’un instant, de s’illuminer devant la couche blanche qui recouvrait le sol et les arbres. Althéa et Carvi, bien au chaud dans le manteau d’Ankan, restèrent ébahies devant ce spectacle qu’elles n’avaient jamais vues, dû à leur habituelle hibernation en cette période de l’année.

-Ce paysage m’est familier, dit Breyne après quelques instants d’observation. Ça remonte à assez longtemps mais je connais cet endroit.
-Maintenant que tu le dis, Breyne, murmura Ankan.
-Ne nous attardons pas, seigneurs lourks, le chemin est long pour rejoindre Ayezo, interrompit Tove en prenant la route.

Le groupe suivit le centaure sans un mot : le druide avait raison, il ne fallait pas attendre. Les dix voyageurs se mirent donc en route pour un long voyage d’un mois.

Les premiers jours furent relativement calmes. La forêt était plongée dans un profond silence et le groupe n’entendait que leurs pas crissaient dans la neige fraiche. Althéa et Carvi ne purent s’empêcher de sortir du manteau d’Ankan pour jouer à plusieurs reprises avec la neige. Mais rapidement, de nouvelles et importantes chutes de neige commencèrent à ralentir le groupe. Ralok utilisa avantageusement sa taille pour tracer un chemin à travers la forêt. Le troll créa une tranchée dans la neige sur son passage, ce qui facilita le voyage pour le reste du groupe. La nuit, les abris étaient peu nombreux et le groupe devait souvent s’arrêtait assez tôt pour préparer le campement, déblayant une zone assez conséquente pour s’installer. La nourriture des centaures était assez nutritive pour qu’une ou deux bouchées suffisent, sauf pour Ralok bien sûr, qui se mettait à chasser une fois le campement dressé. Avec huit veilleurs, les nuits étaient assez longues pour que tout le monde se repose correctement, les uns contre les autres pour se tenir chaud. Deux semaines après le début de leur voyage, le groupe commence à trouver du monde sur leur route. Selon les lourks, ils approchaient d’une petite ville nommée Zaghem. Le groupe s’accorda pour l’éviter, maintenant une bonne distance entre eux et la cité. A partir de Zaghem, éviter des personnes fut de plus en plus difficile et le groupe dû quitter finalement la route. Et les fois où le groupe devait retourner dessus, Tove, Sylf et Ralok encadraient le groupe encapuchonné pour cacher leurs visages. Les passants regardaient d’un air interrogateur ce groupe hétéroclite mais un regard de Tove et tous détournaient le visage. Ankan vit plusieurs fois Ailane ajuster sa capuche et s’il la regardait étrangement, il lui fallut un moment avant de se rappeler qu’entre leurs peuples, c’était la guerre. Encore plus qu’eux, la jeune femme prenait un gros risque à être ici. Finalement après plusieurs semaines de voyage, ils arrivèrent en haut d’une colline, en vue d’une cité lourk assez grande. Ayezo, enfin, s’offrait à leurs yeux sous le soleil couchant. Ankan, Myra, Breyne, Elyr et Ralok lâchèrent un soupir de soulagement :

-Nous sommes arrivés. Nous sommes enfin chez nous, murmura, une larme à l’œil, Ankan.

Tove, Sylf et Ailane laissèrent un instant le groupe embrassait la ville de leurs regards et se déplacèrent sur la droite, observant avec attention la cité. A l’instar des autres villes lourks, Ayezo était un vaste agencement de maisons autour d’une bâtisse qui avait la taille d’un château en son centre. Aucun rempart ne délimitait la cité mais les habitations étaient alignées de façon à faire une enceinte elles-mêmes. La jeune femme lâcha un sourire lorsqu’ils furent en vue d’un rassemblement de roches, au milieu des arbres : c’était ici qu’elle avait rencontré Ankan pour la première fois. Cela ne faisait que quelques mois mais après leurs aventures, Ailane avait l’impression que c’était il y a des années. Le lourk arriva dans son dos et eut un léger sourire :

-J’étais dans un sacré état quand tu m’as trouvé. Je n’avais pas fière allure.

Ailane se souvenait très bien : lorsqu’elle était arrivée près d’Ayezo, elle avait entendu et trouvé Ankan affalé contre les rochers. Le lourk était blessé, son corps portait pas mal d’entailles plus ou moins profondes. Il était dans un tel état de panique que lorsqu’Ailane s’était approchée de lui, il avait gesticulé dans tous les sens pendant quelques instants avant que la jeune femme ne réussisse à le calmer. Sa nature humaine avait rendu méfiant Ankan mais sur l’instant il avait besoin d’aide. Ailane l’avait mené loin de ses ennemis et leur voyage ensemble avait commencé. Les deux amis restèrent un moment devant ces rochers à se remémorer avant que Sylf ne les rejoigne :

-Venez, nous avons peut être trouvé un moyen de s’infiltrer dans la ville.

Une fois proche du groupe, Breyne pris la parole :

-La cité est entourée d’un bouclier qui ne nous empêchera pas de passer, mais nous serons surement repérés une fois de l’autre côté. Et Ailane, en tant qu’humaine, ne pourra tout simplement pas passer au travers.
-Mais nous nous sommes rappelés, continua Myra, de ton pouvoir, Ailane. Ta capacité à passer dans le sol nous sera très utile.
-Mmmh, c’est possible, mais il faudrait que je m’approche pour savoir si je peux passer par en dessous.
-Par ici alors, indiqua Tove en dévalant la colline.

Le groupe suivit le centaure aussi discrètement que possible. La nuit tombante aida les voyageurs à s’approcher des limites de la ville, sous une maison sans fenêtres vers l’extérieur. Ailane tendit ses mains juste devant le bouclier, semblant examiner la protection de la ville avant de se concentrer sur le sol.

-Je ne devrai pas avoir de soucis à vous faire passer dans le sol. Mais je ne sais pas où aller après. Il me faudrait un endroit où nous faire sortir.

Les lourks et Elyr réfléchirent un instant :

-Serait-il possible de nous faire parvenir dans le château, directement ?
-Oui, mais seulement dans les souterrains.
-Alors, dans les sous-sols à l’ouest, il y a d’anciens entrepôts non utilisés depuis longtemps.

Ailane acquiesça de la tête puis commença à faire lentement passer le groupe dans le sol, même si elle semblait avoir un peu de mal avec Ralok. Avant que tous disparaissent dans le sol, la jeune femme indiqua une dernière chose :

-J’essaierai de faire mon maximum mais il n’est pas improbable qu’on se fasse repérer.

Tous acquiescèrent rapidement avant que tout devienne noir autour d’eux. Ailane les fit voguer un long moment dans le sol, aussi discrètement que possible. Mais la jeune femme perçut quelque chose dans le sol, elle n’arrivait pas à savoir ce que c’était, mais cela la mettait mal à l’aise. Restant sur ses gardes, elle continua de guider le groupe jusqu’au château, dans les souterrains. Ailane les amena à leur destination en quelques minutes, immobilisant le groupe dans le sol, sous l’imposante bâtisse. Prudemment, la jeune femme émergea du sol, atterrissant dans une pièce sombre. Elle prit quelques instants pour observer les environs avant de faire sortir le reste du groupe du sol. Un à un, ils sortirent, toussotant après ce voyage sous terre. Breyne émit quelques boules de lumière révélant la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Manifestement, comme ils l’avaient indiqué, la salle n’était plus utilisée depuis un long moment. Quelques vieux meubles s’entassaient le long des murs, couverts d’une épaisse couche de poussière. Le groupe se dirigea vers la sortie le plus silencieusement possible. Elle n’était pas bloquée et ils purent en sortir facilement. Ils atterrirent dans un long couloir aussi silencieux et sombre que la pièce qu’ils avaient quittée. Tove, Sylf et Ralok eurent toutefois l’impossibilité de passer par l’embrasure de la porte et Ailane dû les faire passer une nouvelle fois dans le sol pour qu’ils rejoignent le reste du groupe.

-J’espère que les autres portes seront plus larges, commenta Tove.
-Elles le seront, ne vous en faites pas, le rassura Ankan.

A partir du couloir, le lourk prit la tête du groupe et les mena lentement à travers le château. Un peu en arrière, Ailane, Tove et Sylf ne purent s’empêcher de remarquer les nombreux regards que portaient les autres autour d’eux. Il y avait comme de la joie dans leurs yeux et aussi de l’appréhension. C’est comme si pour eux, entrer dans ce château avait quelque chose de sacré. Ankan les mena tous dans une série de couloirs et d’escaliers qui s’agrandissaient au fur et à mesure qu’ils pénétraient dans des zones plus occupées du château. Mais étrangement, ils ne croisèrent pas une seule personne, rien, et ça ne rassura guère le groupe. Un moment, le groupe se retrouva dans un long et large couloir dont les murs étaient couverts de grands tableaux représentant plusieurs lourks, tous habillés d’habits élégants et portant un même diadème d’argent. Le groupe s’arrêta devant le dernier portrait, qui ressemblait trait pour trait à Ankan. Ailane tourna son regard interrogateur vers le lourk qui regardait le tableau d’un air coupable. Il finit par croiser le regard de la jeune femme et dit presque d’une voix désolée :

-Ce n’est pas moi.

Aucun n’insista sur la question mais ils virent bien que les amis d’Ankan prenaient un air triste. Ils reprirent la route avant d’arriver devant une grande double-porte au bout du couloir. Après une longue inspiration, le groupe ouvrit la porte et arrivèrent dans une salle du trône. Une grande table de bois ronde et des sièges se trouvaient au milieu de la pièce. Au fond, sur une estrade de pierre, deux trônes de chêne massif, sculptés élégamment et dont le dossier était incrusté d’une colombe en cuivre. Et sur l’un des sièges était nonchalamment assis un lourk massif, aux cheveux châtains en bataille, un diadème d’argent à moitié caché sur sa tête. A leur arrivée, un sourire moqueur apparut sur son visage alors que le visage d’Ankan, Myra, Breyne et Elyr se déformaient avec la colère. Sylf, Tove et Ailane avancèrent prudemment, les armes en main alors qu’Althéa et Carvi se cachaient sur les centaures.

-Ah, Ankan, je t’attendais, dit le lourk en se levant de son trône.
-Larine, gronda Ankan. Je suis là pour m’occuper de toi.
-Ohoh je n’en doute pas. Mais il y a juste un léger détail que tu as oublié : c’est toi la proie et moi le chasseur.

Larine émit un claquement de ses doigts et le groupe vit avec effroi que des voluptes de fumée noire pénétraient la pièce et s’assemblaient pour faire apparaitre trois traqueurs. D’autres effluves laissèrent apparaître un quatrième traqueur, plus grand, plus sombre, aux côtés de Larine. A l’apparition de ce traqueur, Ailane eut un mouvement de recul et Tove et Sylf se mirent devant elle, comme pour la protéger. Un rire étrange sortir du capuchon du traqueur :

-Vous avez eu un coup de génie, seigneur Larine. Notre intervention infructueuse a quand même porté ses fruits.
-Oui, malgré ce raté, Ankan est venu tout seul avec son groupe dans mes griffes.
-Et son amie humaine dans les nôtres, dit le traqueur en désignant Ailane.

Les traqueurs et Larine s’avancèrent lentement sur le groupe qui se prépara à un combat qui s’annonçait difficile.
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